C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris la disparition de Léon Ourry, figure emblématique et charismatique de la Manche. Un lien étroit existait entre son action sur la commune de Marchésieux et la création de Biomasse Normandie en 1983.
A la fin des années 70, Léon Ourry, agriculteur et maire de la commune de Marchésieux dans la Manche, et Philippe CHARTIER, Directeur de l’INRA Versailles (bioclimatologie), ont décidé de mener une réflexion sur la consommation d’énergie dans les fermes et les villages ruraux. L’INRA ne disposant pas de bureau en Basse-Normandie, ils se sont appuyés sur l’ANERA (Association normande d’économie rurale appliquée), dont Serge DEFAYE était salarié. Une enquête a été menée auprès de 80 fermes pour connaître leurs besoins en énergie et recenser les ressources locales disponibles : fumiers, bois de haies, roseaux des marais… Les résultats de l’étude ont mené Léon Ourry à créer l’ADEN (Association pour le développement des énergies nouvelles), qui regroupait les habitants de la commune (agriculteurs, artisans… ), pour accompagner la mise en œuvre des 2 projets identifiés par l’étude de l’ANERA :
– une unité de méthanisation des fumiers de bovins sur les deux fermes mitoyennes des frères Danguy (1980),
– une chaufferie collective automatique au bois déchiqueté alimentant en chauffage la mairie et l’école (1983).
Le second choc pétrolier du début des années 80 provoque un engouement pour les énergies renouvelables et la commune de Marchésieux apparaît aux yeux de tous comme pionnière sur le sujet. Des milliers de personnes, parmi lesquels des chercheurs guatémaltèques et des ministres portugais, viennent à Marchésieux pour visiter les installations et bénéficier du retour d’expérience de ces pionniers de la méthanisation et du bois-énergie. De ces deux réalisations quelques peu bancales à l’époque car expérimentales, reste encore le réseau de chaleur municipal au bois déchiqueté.
Sans la ténacité et la témérité de Léon Ourry, ces deux installations n’auraient pas vu le jour.
Sans ces projets innovants et ambitieux, Serge Defaye n’aurait pas créé l’association régionale Biomasse Normandie.
Quelques 40 années plus tard, Biomasse Normandie compte 21 salariés, dont une bonne partie travaillent encore pour le développement et la promotion du bois-énergie et de la méthanisation, deux thématiques encore aujourd’hui au centre de la transition énergétique des territoires.
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