Les déchets de bois : un levier essentiel pour une économie circulaire durable
En France, les déchets de bois constituent une ressource stratégique pour promouvoir une économie circulaire et préserver l’usage des ressources. Qu’il s’agisse de les recycler pour fabriquer des matériaux comme les panneaux de particules ou de les transformer en énergie renouvelable, ces déchets offrent de multiples opportunités. C’est pourquoi l’ADEME, avec l’appui de Biomasse Normandie, CEDEN, FCBA et Xerfi Specific a mené une étude approfondie sur ce sujet. Intitulée « Étude de gisement des déchets de bois dans la filière bois énergie », cette enquête propose une cartographie précise des flux, de leur gestion, ainsi que des pistes pour optimiser leur valorisation. Elle complète le programme Imp’ACTES menée par l’association sur le périmètre de l’Axe Seine.
>>>(Re)voir le webinaire sur Imp’ACTES
Un potentiel encore insuffisamment exploité
Chaque année, la France produit 8,7 millions de tonnes de déchets de bois. Les déchets de bois prioritairement concernés par l’étude sont les déchets de bois en fin de vie, collectés séparément ou en mélange, produits par les ménages et les entreprises en France métropolitaine dont :
- des emballages,
- des meubles,
- du bâtiment,
- et de la seconde transformation du bois.
Sur ce total :
- 1 million de tonnes est réutilisé directement par les industriels.
- 300 000 tonnes font l’objet de mauvaises pratiques.
- 7,4 millions de tonnes sont collectées.
Actuellement, 5,8 millions de tonnes sont valorisées dont :
- 3,2 millions de tonnes par le recyclage,
- 2,6 millions de tonnes par la production d’énergie.
Malgré ces efforts, 1,6 million de tonnes est enfouie chaque année, or cette voie n’est pas pérenne.
En effet, rappelons deux éléments réglementaires importants : le recours à l’enfouissement doit être divisé par 2 entre 2010 et 2025, impliquant une baisse des capacités de stockage (Code de l’environnement), et l’interdiction du recours à l’enfouissement pour les déchets non dangereux et non inertes valorisables (décret N°2021-1199). En outre, ces déchets constituent une ressource pour la fabrication de panneaux et d’énergie.
Davantage de recyclage et de valorisation en 2028
La tendance actuelle montre que l’utilisation des déchets de bois en valorisation matière et énergétique vont augmenter considérablement d’ici 2028 :
- la valorisation matière (fabrication de panneaux notamment) passera de 1,6 à 2,5 millions de tonnes par an.
- La valorisation énergétique atteindra 5,6 millions de tonnes, grâce à de nouvelles chaufferies déjà en construction ou financées.
Ces avancées sont soutenues par un cadre structuré, incluant des plans d’approvisionnement validés par les cellules biomasses régionales, afin d’assurer une gestion durable des ressources.
Des solutions concrètes pour valoriser plus et mieux
Pour maximiser l’usage des déchets de bois, l’ADEME recommande de :
- Systématiser la collecte séparée et moderniser les infrastructures de tri, pour réduire les pertes et traiter davantage les tonnages non valorisés.
- Privilégier le recyclage, en transformant les déchets en nouveaux produits (panneaux, matériaux de construction).
- Utiliser la valorisation énergétique comme une alternative uniquement lorsque le recyclage est impossible.
Ces mesures permettront de diminuer la dépendance aux matières premières vierges et de limiter l’usage des énergies fossiles.
Des approches régionales indispensables
La disponibilité des déchets de bois varie selon les régions. En Normandie, dans le Grand Est ou en Bourgogne-Franche-Comté, les ressources pourraient être insuffisantes dès 2025. Ces tensions se traduisent par une forte dynamique des projets de valorisation matière et énergétique, portée par les industriels notamment dans le cadre de leurs objectifs d’éco-conception et de décarbonation industrielle. L’ADEME insiste donc sur la nécessité d’évaluer rigoureusement les projets locaux pour éviter de créer des installations en concurrence avec celles déjà existantes.
Un engagement collectif pour un avenir durable
En mettant en place une stratégie claire, combinant recyclage prioritaire, valorisation énergétique raisonnée, et planification régionale adaptée, la France peut transformer ses déchets de bois en une ressource majeure pour la transition écologique.
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